Suite à l’assassinat de Philippine, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a exprimé sa volonté d’étendre la période de rétention des immigrants sans papiers dans les centres de rétention administrative. Selon lui, ces individus posent une menace pour la société et il est donc nécessaire de renforcer les mesures de contrôle pour assurer la sécurité des citoyens.
Les centres de rétention administrative (CRA) ont été au cœur de l’actualité récemment suite au tragique meurtre de la jeune Philippine, une étudiante de 19 ans retrouvée morte dans le Bois-de-Boulogne en région parisienne. Le suspect, un Marocain sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, avait un passé judiciaire marqué par une condamnation pour viol, une peine de prison et un passage en CRA juste avant les faits.Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, souhaite prolonger la durée maximale de rétention des étrangers en situation irrégulière dans les CRA à 210 jours, contre 90 jours actuellement. Cette initiative soulève des questionnements quant à la dangerosité des personnes retenues dans ces centres.
En réalité, il est difficile d’évaluer le niveau de dangerosité des individus retenus en CRA, faute de données fiables. Toutefois, un rapport de la Cour des comptes publié en janvier 2024 souligne que les personnes placées en rétention administrative sont principalement celles présentant une menace à l’ordre public ou ayant récemment été condamnées. Une étude indépendante menée par des associations révèle que 26% des étrangers retenus dans les CRA étaient directement conduits depuis la prison.
La majorité des étrangers retenus en CRA ne sont pas là pour des infractions, mais simplement parce qu’ils sont en situation irrégulière. Parmi eux, certains ont été interpellés pour des suspicions d’infractions sans être jugés ni condamnés. Les chiffres concernant le profil des retenus dans les CRA restent incomplets et ne permettent pas d’établir un portrait précis.
Selon Paul Chiron de la Cimade, les criminels sont extrêmement rares dans les CRA, la plupart des retenus ayant commis des délits mineurs. Il souligne l’hétérogénéité des profils des personnes retenues, certaines étant en France depuis peu tandis que d’autres résidaient depuis de nombreuses années sans titre de séjour renouvelé. La décision de placer quelqu’un en CRA repose uniquement sur l’absence de papiers, sans tenir compte de sa dangerosité.
En définitive, les CRA restent au cœur des débats sur l’immigration et la criminalité, suscitant des craintes et des préjugés. Il est essentiel de démêler le vrai du faux pour éviter les amalgames et les stigmatisations.
Source de l’article : Francetvinfo